*** LECTURE FACILE SOUS L’ARTICLE ***
Joël Strill Sculpteur, ou » Le Fond des Choses « …
Article paru dans le Magazine de l’ Association Sculpteurs Bretagne
Très primairement, j’avoue avoir admiré son travail manuel. Un sans faute dans les lignes, l’arête, la courbe, ou l’étude du percement, ou encore un poli fini à faire pâlir de jalousie le meilleur des ébénistes. Ça, c’était l’inscription charnelle. Au fil des années j’eus la chance de pouvoir suivre sa lente évolution, sa réflexion, son mûrissement, ses attentes contemplatives, avec parfois un brin d’agacement, un sentiment de frustration, devant tant de talent non exprimé dans cette matière qu’il maîtrisait si bien.
A cette époque je croyais que seul le travail ranime l’artiste. Je mis longtemps à comprendre que Joël est volontairement un non productif. Pas de forcing pour réussir. Il ne réalise qu’en accord avec son être profond.
Portrait
Voici douze ans déjà une petite association de sept sculpteurs venait de naître. 7 sculpteurs mûs par une passion identique, la sculpture et sa taille directe dans le bois. Ambitions affichées, promouvoir la sculpture « e breizh », voir en dehors de ses « frontières », alors nous étions à nos premiers balbutiements… Si la plume me démange peut être vous conterais-je un jour cette histoire. J’y fis la connaissance de Joël Strill, l’homme du groupe qui contribua tout doucement, mais fortement à créer » l’ Esprit Bois 7 « .
Il est des rencontres lumineuses,
c’est rare dans notre société qui se déshumanise un peu plus chaque jour, rare dans la morne réalité quotidienne. Immédiatement je perçus sous le couvert d’une apparente nonchalance son hyper sensibilité aiguë. Ce type avait sûrement une « religion » que j’imaginais comme une conséquence karmique. J’eus une hâte frémissante de voir sa sculpture. Je fus soufflé par son travail, sa résonance.
La permanence d’une subtile gestation lui donne la certitude qu’un jour le destin posera sur son travail un œil attentif, car s’il ne peut changer une situation, il en transforme le sens. C’est l’homme qui laisse deviner l’infini dont il s ‘entoure.
Après avoir approché la forme pure, son unité débarrassée de tout artifice,
et traduit cette mystique dans la matière, Joël a su trouver une paix harmonique avec lui-même. L’aboutissement de son long Cheminement, sa philosophie, lui font dire que la sculpture n’est pas l’important. C’est un support. Elle peut devenir un carcan; donner la primauté à la matière serait de l’idolâtrie.
Cette philosophie aux ramifications orientales,
oriente sa vie dans d’autres espaces . Il a autant de plaisir et d’émotion à travailler avec des personnes qu’ il amène à vibrer, en les guidant dans les arcanes de la création. Son rapport avec le temps est rassurant. Je crois que pour lui le temps ne coule pas…
Il faudrait, Joël, nous initier à ta philosophie, à cette fusion immobile, nous convier à ton « spectacle des âmes » puisque tu veux et sais aller au fond des choses.
Yann Le Loupp